There was one comment about realizing that one was at risk of "attack" by virtue of
being Jewish. What kind of attacks are you talking about? As a Jew, I'd like to hear
more about this realization has affected your life. What, in your perspective, is the
current state of antisemetism in France? Do you think it has changed in response to the
September 11th attacks? I'd be interested to hear a response from anyone, not just the
person who first mentioned Judaism.

Benjamin,
je peux te dire qu'effectivement en France on assiste à une montée inquiétante
d'antisémitisme... mais également d'homophobie, de racisme anti-blancs et
réciproquement anti-arabes, de discrimination des handicapés et même de racisme anti-
athées … je ne te dis pas ça en me fiant aux informations télévisées qui parfois
exacerbent bêtement ce genre de questions pour vendre leur camelotte, mais réellement
sur ce que j'ai pu observer de mes propres yeux.

Rien qu'à l'INT c'est affolant.. j’ y ai vu personnellement de l'antisémitisme (en 2000 et
2001 surtout, depuis je n’ai rien entendu, sûrement parce qu’on est plusieurs à avoir
vivement réagi) et la plupart des homosexuels sont obligés de plus ou moins se cacher.
moi-même j'ai été plusieurs fois traité de "sale mécréant tu ne peux pas rester ici" "je
t'encule; sale taré débile au cerveau pourri " (j'ai des problèmes neurologiques) "quand
on est malade on ne fait pas d'études" "ne m'approche pas je suis pas pédé moi", on m'a
même interdit une fois l'entrée à un groupe de discussion sur l'Afrique parce que j'étais
blanc etc.
Globalement je n’y ai pas fait attention car en général ceux qui disent ça sont des gros
cons assez minoritaires (enfin, j’espère…). Depuis 2 ans je ne vais sur le campus que
pour travailler et je n’entends plus ce genre de remarques qui peut-être se font plus en
privé ?
Ce qui m’a le plus choqué c’est au moment de l'attentat du World Trade Center quand
certaines personnes devant la TV souriaient et d'autres même ont applaudi (ces derniers
n'étaient pas des étudiants français d'ailleurs et je peux te dire qu’ils se sont fait
engueuler), j'espère que c'était sous le coup d'une nervosité bizarre mais rien n’est
moins sûr...

Tout ça pour te dire que oui, c'est vrai l'antisémitisme en France existe, mais c'est plutôt
de l'intolérance généralisée et stupide que quelque chose de diriger particulièrement
contre les juifs, sauf à certains endroits et de la part de certaines populations. Surtout ne
va pas croire que les Français sont majoritairement comme ça, et si je te cite ces
exemples à l'INT c'est pour dire que ce n'est pas réservé à des tranches de population
peu instruites ou très défavorisées comme on essaie souvent de nous le faire croire...
J’aurais tout aussi bien pu te parler de mon cousin tabassé gratuitement par la police en
le traitant de « sale arabe » ou de mon agression à Juvisy parce que j’étais un « sale
blanc »… Il est clair qu'il y a quelque chose qui cloche en France.

Moi à mon échelle j’ai créé un petit groupe de discussion politique (disons) pour étudier
sans langue de bois ce genres de phénomènes (entre autres) et tenter dans faire
prendre conscience aux gens qui ferment les yeux, passent à côté ou ne sont tout
simplement pas concernés.. Pour l’instant ce qu’on a constaté c’est que la forme de
discrimination la plus courante en France est dirigée d’abord contre les handicapés ou les
personnes qui présentent une anomalie physique, ensuite viennent les homosexuels,
bien avant tout le reste.
Depuis quelques années il y a aussi clairement, mais de façon moins importante et moins
insidieuse, des réactions anti-israéliennes (plutôt qu’anti-juives peut-être, mais le
rapprochement est fait) généralement associées à un très discret discours « anti-
mécréants » (les « mécréants » étant considérés comme étant pire que les juifs qui au
moins croient en Dieu). Depuis le World Trade Center on a également noté une montée
anti-musulmane mais également pour la première fois des réactions prononcées contre
toute forme de religion, ce qui n’est pas étonnant.
Bon, dans le pats des droits de l’homme tout ceci n’est pas très réjouissant et c’est clair
que pour ma part j’ai honte et je me bats pour que ce genre de comportements cesse de
se banaliser et qu’au contraire les gens se respectent. Le problème est que tant que les
gens qui ont encore un peu de jugeotte dans la caboche ne sont pas une majorité à
regarder la vérité en face, l’existence même de ces problèmes est niée et donc il est
impossible de les combattre. Il faut donc bouger la population, essayer de rendre les
gens moins « moutons » avec des œillères grosses comme des pastèques, mais c’est
clair que ce n’est pas gagné, il faut se battre.

It's interesting that, while both INT and Brown students mentioned death/mort as
significant events, no INT students mentioned births. Do you have brothers and sisters,
or are you only children?

It also seems like while going to college was a major event in the lives of most Brown
students, this is not the same with INT students. I feel like "college" is a major idea in
people's lives for years before we even start apply to get into different colleges, and the
application process is long and stressful. When it's over and we get into a college, I
know I felt like it was a major event.

What is the process of getting into INT? Is there a educational goal for students at INT?
Do you think that makes a difference in how it affects your life as compared going to
a "university" like Brown?

Hi
Yafang, your observation about the significance of education is interesting. Everyone, in
your life how much emphasis was put on going to college? Did your parents go to college
and if not, do you think being a first generation college student has something to do with
the significance of going to college?
JS

Salut,

Integrer l'INT demande aussi beaucoup de travail. La majorité des élèves
qui intègrent l'école ont fait deux ou trois ans de classes
préparatoires apres leur bac, puis ont postulé au concours d'entrée à
l'INT. Les classes préparatoires sont un système exclusivement français.
Ces classes ont pour but de préparer aux concours d'entrée des grandes
écoles de commerce et des grandes écoles d'ingénieurs. Les deux années
de classes préparatoires sont des anées de travail intense et de stress.
Je pense donc que l'entrée à l'INT est effectivement une satisfaction et
un soulagement pour grand nombre d'étudiants. Pourtant nous ne le
ressentons pas comme un évènement très marquant .... Il y a surement là
une différence de perception. Pour ma part avoir intégré l'INT était
certainement une satisfaction mais à l'ampleur limitée, je considère
mon parcours comme plutôt clasique, normal...

Je suis d'accord avec Nadia, entrer à l'INT est un évènement majeur
dans notre formation, mais pas le plus marquant et ce pour plusieurs
raisons.
D'abord l'INT, comme nous l'avons expliqué dans la partie sur les mots,
fait partie de ce que nous appelons les Grandes Ecoles mais ce n'est
pas la plus prestigieuse. Ca veut dire que si nous avions intégré HEC ou
l'ESSEC ou Polytechnique, certaines personnes l'auraient peut-être
davatage indiquer comme évènement marquant parce que ce n'est pas
donné à tout le monde.
Ensuite, et je pense que c'est la raison principale, la notion d'éducation
et d'accès à l'école en France est très différente de celle des US.
Aujourd'hui en France, l'éducation supérieure est ouverte à tous et
l'accès en est facilitée notamment financièrement. Nous pouvons
obtenir des bourses qui proviennnent essentiellement de l'Etat (d'après
les revenus des parents) ou plus rarement de fondations privées
(critères d'excellence).
Du coup, nous ne nous posons pas forcément les mêmes questions
que les lycéens américains. Après le baccalaureat (High School diploma),
les études supérieures sont de plus en plus un parcours logique, seule
la voie choisie diffère (courtes ou longues études, université ou école).
Alors l'entrée à l'INT n'est pas l'évènement le plus marquant, mais la
sortie vers le monde du travail le sera sûrement davantage ;)
Pour résumer, en France l'éducation supérieure n'est plus considérée
comme un privilège mais comme un droit. On parle d'ailleurs de droit à
l'éducation comme d'un droit fondamental qui entre dans la mission de
l'état.

Thank you for your responses Nadia and Celia! It was very
interesting to learn about INT and the process you go through
before studying in a university.

It is really surprising to me finding the emphasis on sad events like
death on the side of the INT students. Only a few Brown students
responded with sad events like divorce and death. Why do you
think this is? I know when I read the phrase, "the most significant
events" I thought of only positive things. It didn't even come to
mind to put down sad events. I kind of thought of the phrase
instead as, "my most significant achievements." Did anyone else
have a specific train of thought come to mind when reading the
phrase, "the most significant events?" Do you think our class is
more positive when it comes to discussing this topic? Is death
regarded as something sad and painful in France like it is here in the
US?

I did list being accepted to Brown as one of my most significant
events. I feel like this is due, as stated by my classmates, on the
rigorous application process and emphasis placed on getting into a
good college here in the United States. I worked so hard in High
School just to be accepted to a good college so I could continue my
studies and eventually get a good job. If I didn't get into a good
college, I would feel like I did all that work in High School for nothing
and that my efforts didn't pay off. I think the emphasis on getting
into college in the US as one of the most significant events for
people in my class is due to the fact that the process is rigorous and
college is extremely expensive today. It felt like I had to get into a
good college or my future would be grim. Does anyone else feel like
this - both Brown students and INT students? INT students, if you
were not going to INT right now, where do you think you'd be or
what do you think you'd be doing?

People really seemed to give a lot of details and specific examples
when responding to this phrase as well. Why do you think this is? Is
the phrase in itself more personal?

Thanks!

OP

“It felt like I had to get into a
good college or my future would be grim. Does anyone else feel like
this - both Brown students and INT students? INT students, if you
were not going to INT right now, where do you think you'd be or
what do you think you'd be doing?”
Cf. ma réponse n°333 again, dans « Subject-Good student »

“It is really surprising to me finding the emphasis on sad events like
death on the side of the INT students. Why do you
think this is? […] Is death regarded as something sad and painful in France like it is here
in the US? »

OP,
Je crois surtout que la morosité est assez ambiante en France, en tout cas moi je suis
plutôt pessimiste sur ce pays.

D'abord, il faut savoir qu'on représente la "génération sacrifiée" comme disaient les
journalistes en 1982 à peu près quand on est nés (pour ma part en 78), c'est un terme
qui n'est plus trop employé par le gouvernement maintenant pour qu'on ne se tire pas
tous une balle je suppose ;-), mais cela incluait plusieurs choses : Le mitterrandisme et
l’accentuation de la « formatisation moutonnisante » par l’éducation (pour contrer un
nouveau mai 68 et obtenir des étudiants bien gentils qui se taisent), parallèlement au
Bac pour tous qui devait conduire à des formations non professionnalisantes et des
jeunes sur-diplômés (ça coûte cher, et les jeunes sont désabusés d’avoir fait des longues
études qui ne leur garantissent pas du tout l’emploi annoncé et qui les obligeront à
travailler plus vieux).. le problème est que les étudiants sont tellement moutons
maintenant qu’ils ne réfléchissent plus et attendent la bouche grande ouverte que le
boulot ou les allocs tombe du ciel, les seuls quelques jeunes créateurs de richesses
partant à l’étranger pour la plupart tant les charges sont élevées pour les entreprises…
conséquence, la généralisation et l’augmentation du « chômage résiduel et
incompressible » (plus les stages à gogos obtenus par le MEDEF) avec son corollaire, la
précarisation des emplois et l’exploitation des jeunes travailleurs. De plus en 1982 -1984
certains journalistes et politiques annonçaient que cette « génération sacrifiée » non
contente de subir le Sida (et maintenant le pompon venu d’Angleterre, le retour de la
syphilis etc.), non contente de payer le maximum d’impôts de l’histoire française (en
grande partie pour payer les retraites de leurs parents bien chanceux ayant connu 68,
sexe drogue et rock&roll si on peut dire, une relative sécurité de l’emploi et
probablement des retraites anticipées) devra aussi probablement se contenter des
retraites les plus faibles, voire de pas de retraite du tout. En quelques années la France
qui était un des pays les plus riches d’Europe est maintenant dans le peloton de queue,
elle connaît le plus faible renouvellement d’entreprises pour les raisons évoquées ci-
dessus etc. Ajoutons là-dessus une bonne couche de n’importe quoi politique avec « on
prend les mêmes et on recommence » et une Constitution inadaptée qui me font me
demander parfois si on est encore en démocratie et qui font surtout bouder les urnes à
pas mal de monde, plus un zest de néo-bureaucratie issue de la grande masse des
fonctionnaires qui font fonctionner les usines à gaz de l’Etat, administration et (ex)
entreprises publiques, saupoudrer d’une bonne dose de corporatisme de type néo-féodal
et de copinage en tout genre, rajoutez un déracinement culturel (lié aux interdictions
culturelles, cf. « Subject : Words – Culture ») et une grosse touche de centralisation
parisienne qui ralentit le développement périphérique et fait de la Bretagne (la région la
plus significative) la région au monde qui connaît le plus fort taux d’alcoolisme (plus
qu’en Sibérie, UK ..) et le plus fort taux de suicide (plus qu’au Japon, et oui !), et voilà on
obtient un cocktail sympathique… Alors bon, oui la mort c’est un événement important lol.

Certes on n’est pas dans une dictature alors il paraît qu’on n’a pas le droit de se plaindre,
mais moi qui me suis battu tous les jours pour bouger les choses (bénévolat pour les
jeunes en difficulté, création d’association radiophonique pour fédérer les étudiants,
création de groupes de discussion et bientôt d’un parti politique, etc.) je n’ai pas peur de
le dire, de mon point de vue c’est clair la France est devenu un pays de merde et
vivement que les politiciens et autres engagés associatifs idéologiques ou économiques
de notre « génération sacrifiée » changent tout ça avant que les choses n’éclatent…
Quand je vois rien qu’à l’INT le niveau de certains délégués, à quel point ils sont naïfs
moutonneux et vendus, quand je vois comment les jeunes dans les partis politiques
actuels font principalement de la lèche et de la balnave (= pipo = parler pour ne rien dire
en gros), je ne suis pas très optimiste cependant et il y a de quoi, même dans les
associations humanitaires c’est n’importe quoi, certains s’y inscrivent carrément pour
faire du tourisme sexuel ou pour se donner bonne conscience en pratiquant en fait
assidûment le néocolonialisme économique… A vrai dire j’espère qu’il n’est pas trop tard,
qu’entre les Français qui sont déjà trop moutons et ceux qui sont trop révoltés et qui
veulent refaire la révolution, il existe des solutions qui permettront à ce pays de
retrouver un peu d’éclat, de dignité et par conséquent d’optimisme.